L’automne de 2019 a été une période très difficile pour moi. Le 3 octobre, durant ma pause dans mon cours de philosophie, je reçus un appel de mon grand frère. Il m’annonça que mon grand-père était mort d’un arrêt cardiaque dans la nuit. C’était la première fois de ma vie que je perdais un être cher. Je ne dormais plus, je ne mangeais plus, je faisais mes travaux de mi-session durant la nuit, j’arrivais toujours en retard à mes cours, je repoussais mes amis, etc. Je passais mon temps à consoler ma grand-mère, à aider ma mère, ou à faire mes travaux scolaires. Je ne fonctionnais simplement plus, et tout le stress m’empêchait de vivre mon deuil complètement.
Heureusement, avec beaucoup de soutien de mes amis proches et de ma famille, j’ai réussi à me sortir de cette passe très difficile. J’ai cependant appris quelque chose de très important dans cette période. En voyant les gens autour de moi être aussi affectés par le mort de mon grand-père que je l’étais, en voyant ma grand-mère perdre son envie de vivre, je me suis rendu compte de l’influence que l’amour peut avoir sur la vie d’une personne.
J’ai donc voulu trouver un moyen de représenter l’amour comme je la voyais maintenant, sois similaire à une drogue, à un médicament. Elle peut créer un sentiment d’euphorie, nous soulager de nos pires blessures, mais elle peut aussi nous causer d’énormes troubles psychologiques, et, lorsque nous ne sommes pas prudents, la mort.
L’analogie avec une drogue avait pour but de montrer un peu le côté moins beau de l’amour, faire un lien avec des relations toxiques. Durant ma vie, j’ai vu beaucoup de personnes prises dans une relation qui les blessait ou les rabaissait, sans pour autant en sortir. Je me suis donc demandé pourquoi rester dans une telle situation. Après quelques observations, j’en suis venu à la conclusion que souvent, les gens étaient simplement devenus dépendants de l’autre.
Visuellement, je voulais une image forte pour présenter l’analogie. Il fallait que le lien avec la consommation de drogues soit direct. J’ai choisi d’utiliser une image clichée, soit un gros plan sur une bouche ouverte, avec la langue tirée, et une pilule déposée sur le muscle buccal. Cependant, j’ai remplacé la pilule par une alliance, symbole du mariage et de l’amour, et j’ai fait un diptyque, représentant un homme et une femme, soit un couple traditionnel. Aussi, l’œuvre est peinte avec de l’acrylique, sur toile. Je voulais un fini très peu délicat, pour attirer facilement l’attention sur les visages, et pour créer un effet brusque sur le spectateur. J’ai donc peint avec de gros traits, ce qui presque donné une allure d’album graphique aux toiles.
Mes plus grandes influences viennent de l’œuvre de Klimt, Le baiser, et des œuvres collectives de René Magritte, Les amants. Ils représentent le sujet de l’amour d’une façon jamais vue. Dans Le baiser de Klimt, le couple s’enlace de façon qu’ils s’effacent presque du monde autour d’eux, comme s’ils tentaient de protéger leur amour à tout prix. Dans Les amants, Magritte, le couple n’apparait jamais totalement sur les toiles, montrant que leur amour change, qu’il évolue. Même si, formellement, ces deux œuvres ne sont pas du tout semblables, le message qu’elles transmettre semble similaire, soit que l’amour est quelque chose de précieux.
Cette œuvre est une belle représentation de mon parcours d’étude, simplement parce qu’elle contient toutes les compétences que j’ai développées durant ma scolarité. En étudiant en art, j’ai découvert les sujets qui m’intéressait vraiment, et que je voulais représenter, soit les humains, j’ai développé un sens critique sur les œuvres, que j’ai pu appliquer sur cette œuvre, mais j’ai aussi appris à utiliser mes expériences personnelles pour créer, pour m’exprimer, et pour passer un message important pour moi.